Gouttes de champions

Trois nageurs du CNBA. Yassin (à droite de l’image), 17 ans, est espagnol. Il est l’un des rares nageurs de l’élite à habiter Molenbeek.
Deuxième pôle de natation francophone de Belgique, le CNBA, le Cercle royal de Natation Bruxelles-Atalante fait figure de référence en natation et compte dans ses rangs des nageurs de niveau international.
C’est à la piscine Olympique Louis Namèche, à Molenbeek, que Karim entraîne Nisrine, 14 ans et Yassin, 17 ans ainsi que tout un groupe de jeunes. Des jeunes qui s’accomplissent dans un sport éprouvant et exigeant, où des centaines d’heures d’entraînement se soldent en quelques poignées de secondes. Pour permettre à ses nageurs d’atteindre le haut niveau, Karim s’entoure d’un coach adjoint et préparateur physique, d’un diététicien et d’un coach technique.
Certains atteindront le sommet de la vague, d’autres s’y maintiennent déjà. Mais tous tâtent de la même eau. Une eau à la fois âpre et douce, qui sculpte le corps et forge l’esprit.
- Nisrine a 14 ans et est un des principaux espoirs féminins de la natation belge francophone. La jeune molenbeekoise se distingue par sa determination et sa rigueur. Elle ne loupe pas un jour d’entraînement.
- Nisrine étudie en 4 éme année au lycée Émile Jacqmain dans le quartier européen. C’est à 13:30 le mercredi que son cours de théâtre s’achève.
- Nisrine attend le métro qui la ramène chez elle, à Molenbeek.
- Nisrine et son frère Ryan mangent un plat de pâtes préparé par leur mère avant de se rendre à l’entraînement du soir. Nisrine n’a que quatorze ans mais elle fait déjà attention à son alimentation. Elle ne boit que de l’eau et veille à ingérer suffisamment de protéines et de sucres lents à chaque repas.
- Nisrine et Ryan marchent jusqu’au tram qui fait face à leur maison. Ryan nage avec sa soeur dans l’élite A. Il a 16 ans et est de deux ans l’aîné de Nisrine.
- La fraterie attend le tram qui les amène à la piscine.
- De bon matin. Deux nageurs du groupe élite A sont arrivés en avance et guettent le reste du groupe. Des liens parfois forts unissent les nageurs de l’élite. Les nageurs passent plusieurs heures par jour ensemble à s’entraîner et des journées entières en compétition, partageant joies et frustrations inhérentes à ce sport particulier. Des heures d’entraînement se soldent en quelques poignées de secondes. Bien s’entendre avec ses co-équipiers prend alors tout son sens, pour mieux rebondir.
- Après l’échauffement à sec des nageurs, il est temps de rentrer dans le bassin. Se jeter à l’eau n’est pas l’étape la plus facile.
- Karim montre à Nisrine la vidéo qu’il a prise de sa nage, afin qu’elle puisse voir les défauts à corriger.
- L’élite en pleine série crawl à bon rythme.
- Le groupe est divisé en deux et s’entraîne au départ dos avec Laurent, le coach du club de nage de Saint Gilles. Autrefois entraîné par Karim, Laurent donne tous les dimanches soirs des cours de technique aux nageurs et les corrige dans leurs gestes.
- Yassin est espagnol d’origine maghrébine et vit depuis un an en Belgique, à Molenbeek, Ribaucourt. Il nage depuis qu’il est petit. C’est son père qui l’avait inscrit à la natation, lui-même ne sachant pas nager. De nombreux nageurs d’origines étrangères ont choisi de rejoindre le CNBA à leur arrivée en Belgique: ils viennent d’Espagne, de Roumanie, de France, de pays du Maghreb et représentent leur pays dans certaines compétitions.
- Karim, le coach de l’élite A, est depuis 30 ans au bord des bassins et a rejoint depuis quelques années le CNBA. Il entraine douze fois par semaine. Karim fait figure d’autorité parmis les différents clubs de Belgique. Sans lui, le club n’aurait pas acquis une telle réputation. Derrière lui, Abdelaziz le directeur du CNBA et kinésithérapeute observe l’entrainement. Sa fille nage au sein de l’élite A.
- Karim prend le temps de Lucas, un des nageurs de l’équipe. Le chronomètre est indispensable au coach qui l’a tout le temps sur lui. Le temps est seul juge en natation: tout se joue au dixième de seconde près.
- Nisrine observe Laurent qui la guide pour son départ dos, avant sa prochaine compétition à Anvers.
- Yassin, en un an, maîtrise la langue française et s’implique beaucoup plus qu’a son arrivée pendant les entraînements. Comme beaucoup de ses co-équipiers, il rêve de médaille olympique et n’hésite pas à le dire. « Je veux arriver loin ».
- Lucas écoute les conseils techniques de Laurent après une séance éprouvante. Lucas a 21 ans. Élève infirmier, il possède également un job étudiant en plus de sa carrière de nageur. Nager coûte cher. En moyenne, 5000 euros par an sont nécessaires à un tel niveau.
- Laurent et Yassin regardent Abdelaziz, directeur du CNBA et kinésithérapeute manipuler le dos de Mohamed, un des nageurs et ami de Yassine.
- Mohamed et Ryan s’étirent après deux heures d’entraînement soutenues.
- Yassin avec Michaël, le coach adjoint et préparateur physique de l’élite A.
- Les nageurs ont fini leur entraînement du soir. Dans deux jours, ils se rendent à Anvers pour la Diamond Cup, une compétition qui réunit certaines pointures de la natation belge et européenne.
- Mohamed et Yassin rentrent de l’entraînement. Les deux amis se rendent chez Mohammed, mais la soirée sera courte, comme toujours pour les athlètes: le sommeil est indispensable à la performance.
- Une nageuse du CNBA avant d’effectuer une série dos à la Diamond Cup à Anvers. Sa combinaison prévue pour limiter au maximum la résistance à l’eau coûte cher aux nageurs, entre 200 et 500 euros et n’est réutilisable qu’une dizaine de fois.
- Karim, le coach de l’équipe prend chaque nageur à part avant leurs séries. Ici, avec Yassin.
- Mohamed suivi de Yassin procèdent à leur première série à la Diamond Cup.
- Les nageurs tentent de faire tomber la pression entre chaque série. Nager dans plusieures séries peut prendre toute une journée, surtout si le nageur se qualifie en finale. La température intérieure du bâtiment avoisine les 28 degrés.Mais il est primordial que les nageurs ne se refroidissent pas et veillent à consommer des sucres pour maintenir leur glycémie à un taux stable.
- Nisrine et son frère Ryan rentrent chez eux. L’entrée de leur immeuble est en travaux.
- Nisrine est aussi rigoureuse en natation qu’en cours. C’est en général en rentrant du lycée qu’elle se met à travailler, ainsi qu’après l’entraînement du soir. « On peut très bien être sportive de haut niveau et être bonne à l’école. » nous dit-elle. Nager deux heures par jour et en même temps assumer le statut d’étudiant demande de la détermination. C’est une école de la vie qui apprend aux nageurs à respecter un emploi du temps et à savoir jongler entre passion et cours.